Eglise de Prépotin

Leurs seules ressources venaient de la culture de terres pauvres, des travaux forestiers, et de l’exploitation de sablonnières parmi les taillis et bruyères.
L’ancienneté de la paroisse, dépendant de l’évêché de Séez, est attestée par une transaction conclue en 1215 entre les seigneurs du Buat, en Lignerolles, et les moines de La Trappe pour mettre fin à leur litige sur la dîme de Prépotin et de l’usage des étangs reliés par un ruisseau à ceux qui alimentaient le moulin du monastère.

De l’époque médiévale l’église conserve les murs massifs de la nef, avec ses contreforts de larges pierres, une étroite fenêtre romane et une petite porte basse d’un côté. De l’autre côté est visible l’encadrement en forme d’ogive de l’ancien porche muré que remplace l’entrée décorée d’un fronton de briques de style classique, ménagée lors de la construction postérieure du clocher actuel.
L’édifice a été prolongé au XIX°siècle par la construction du choeur, orné de vitraux d’un beau coloris et consacré le 26 octobre 1842 par dom Joseph-Marie Hercelin, «bienfaiteur de l’église», comme le rappelle une inscription. Tout récemment, les verrières ont été restaurées et les peintures rénovées. La grille posée à l’entrée permet désormais d’aérer l’église et d’admirer ses poutres rehaussées de couleurs ainsi que le fond du choeur orné de deux jolies statues anciennes de pierre: la Vierge Marie couronnée comme l’Enfant Jésus qu’elle porte dans ses bras, et saint Pierre, qui tenait autrefois la clef du paradis.
Mais admirons surtout le patron de la paroisse, saint Jacques le Majeur. Sa statue de bois du XVIII°siècle le figure en pèlerin, portant le large chapeau et le mantelet ornés de cogailes, les souliers lacés et le grand bâton.

C’est l’apôtre Jacques, frère de saint Jean. L’évangile de Matthieu raconte que Jésus les vit au bord de la mer de Galilée avec leur père Zébédée, apprêtant leurs filets de pêche. Il les appela. Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent.

Jacques, l’un des plus proches disciples de Jésus, fut témoin de l’événement de la Transfiguration comme de son agonie au Jardin des Oliviers avant la passion. Le roi Hérode Agrippa le fit arrêter et décapiter à Jérusalem en l’an 44 sous l’autorité du procureur romain Tibère Alexandre. Martyr de sa foi, cette grande figure de l’Eglise primitive devait exercer plus tard un rayonnement sur la chrétienté en Occident.

Ainsi, durant des siècles, les «chemins de SaintJacques» vers Compostelle ont vu passer des milliers d’hommes dans un grand élan de foi collective, qui leur faisait tout quitter pour la lenteur et la fatigue de la marche vers le lieu lointain de leur rencontre avec le sacré. Sans prétendre donner à sa statue naïve une image ressemblante du disciple compagnon du Christ dans sa prédication en Palestine, le sculpteur anonyme a bien exprimé dans le regard de saint Jacques la ferveur émerveillée du pèlerin cheminant en priant pour le rachat des fautes et l’espérance du Royaume de Dieu.