Eglise de La Poterie-au-Perche

A défaut de documents plus précis, la construction de l’église peut être datée du XVI°s. par le style de ses sculptures : sur le « perque » ou poutre de gloire, le groupe traditionnel en bois polychrome, du Christ en croix entouré de Marie et Jean l’évangéliste, son livre sous le bras.
Dans le choeur, on remarque les deux belles statues peintes en pierre, plus anciennes que le retable où elles ont trouvé place dans les niches sur les côtés. La Vierge Marie couronnée, gracieuse dans sa longue robe blanche nouée à la taille et son manteau bleu rejeté en amère, porte sur son bras gauche l’Enfant Jésus nu, et sa main droite baissée tenait sans doute un sceptre. De l’autre côté, l’apôtre saint Pierre, pieds nus comme lorsqu’il était pêcheur sur le lac de Génésareth, mais vêtu d’un large manteau liséré d’or, présentant la clef, symbole de son autorité de chef de l’Eglise, et le grand livre des Ecritures Saintes. Son visage imberbe est très expressif. Quel plus grand patron pour une église de village ?
Les jolies tommettes d’argile claire du pavage évoquent l’activité ancienne des potiers auxquels la paroisse, dépendant autrefois de Chartres, doit son nom attesté depuis 1260.
Des premiers travaux de consolidation ont du être effectués en 1827, d’après la date gravée sur une pierre à l’assise du clocher. Celle de 1890, peinte sur la première ferme de la charpente, correspond certainement à la restauration plus complète de l’église, comme à Nonnandel, que desservait le même curé.
A cette époque a été ajoutée l’avancée du porche d’entrée, flanquée de pilastres pointus de briques aux deux angles, qui ouvre sur la nef par trois arcades en tiers-point. Sans doute a-t-on en même temps recrépi l’extérieur et refait la voûte agrémentée de motifs au pochoir, avec la litanie de la Vierge et des saints dont les noms sont peints sur des rinceaux décorés d’entrelacs.
En souvenir des anciens châtelains, les deux écussons sur la poutre, au pied du crucifix, reproduisent les blasons de Michelle de Tourneboeuf et de Pierre de la Vove, dont le mariage en 1456 avait fait de leurs descendants, les seigneurs du manoir et du domaine de La Guimandière, comme de Tourouvre, jusqu’en 1755. A la mort du nouveau propriétaire, GuyFrançois de la Porte de Riantz, sa fille, la vicomtesse de Jupilles, hérita en 1796 de La Guimandière. Cette famille, dont on peut encore distinguer, malgré les couleurs noircies, sous le faîtage de la nef, le dessin du blason « parti émanché d’hermine et de gueules », a rebâti en partie La Guimandière au XIX°s. dans le goût romantique. Ce domaine est aujourd’hui la propriété de la famille Baggio. L’autre blason sous le faîtage, « de gueules à trois roses d’argent », plus visible sur un vitrail à gauche près de l’autel, était celui des Gouhier de Charencey, propriétaires de Champthierry. Des inscriptions apposées à l’entrée conservent le souvenir de René le Tartre et Louise Goulet, partis de La Poterie au XVII°s. pour s’établir au Canada, où ils ont laissé une descendance.
La peinture du retable représente l’Assomption de Marie, enlevée vers le Ciel par les anges. On peut voir aussi une belle peinture de la Crucifixion, figurant le centurion à cheval perçant de sa lance la poitrine du Christ mort ; une autre, un peu abîmée, de la tête de saint Pierre et, sur la chaire à baldaquin, les deux panneaux de bois décorés de la croix et de la clef, surmontés de la triple couronne des papes, successeurs de Pierre.