Eglise de Bubertré

L’église a été édifiée sous le règne de Louis XIII. Sa date est connue par une pierre gravée en lettres capitales, retrouvée sous l’autel, dont l’inscription un peu usée peut se déchiffrer comme suit:

“CESTE PREMIERE PIERRE A ESTE POSEE PAR MESSIRE CLAUDE DE PLUVIE

CHEVALIER SEIGNEUR DE MAROLLES, BUBERTRE ET MONPOULAIN L’AN 1634″.

Surmontée d’un petit clocher d’ardoises, cette église ne manque pas de charme dans sa simplicité, appuyée par quelques contreforts massifs, datant peut-être de l’édifice roman antérieur, et qui mériteraient d’être entièrement dégagés de leur enduit de ciment gris.
Sur chaque côté on peut encore distinguer l’emplacement de petites portes basses en plein cintre. C’était selon la tradition, la “porte des vivants”, c’est-à-dire des baptisés (obturée, mais l’arc de pierre subsiste à l’intérieur près de la cuve baptismale de forme octogonale), et la “porte des morts”, qui donnait accès au cimetière.
A l’intérieur, la nef voûtée en bois a conservé sa belle poutraison. Mais surtout, le chœur s’orne d’un magnifique retable de pierre, sculpté et décoré avec l’élégance théâtrale de l’époque, et dont le large “fronton interrompu” est surmonté de la statue de l’archange saint Michel. Dans la Bible, les anges se manifestent aux hommes comme les envoyés de Dieu, pour leur transmettre ses volontés, les guider, les protéger.
Le prophète Daniel avait mentionné Michel, le protecteur du peuple hébreu. Saint Jean décrit dans son Apocalypse la vision d’un combat dans le ciel de Michel et ses anges contre le dragon, symbole de la révolte des forces du Mal.
Chef d’une milice céleste, Michel figure aussi au tympan du porche des cathédrales comme l’ange qui appelle les justes à la résurrection au jour du jugement dernier. Portant la balance, il est le peseur des âmes. Le roi Louis XI avait une dévotion particulière pour “Monsieur saint Michel archange, premier chevalier, qui victorieusement batailla contre le dragon et le fit trébucher du ciel”. C’est en ces mots qu’il institua en 1469 l’Ordre de Saint-Michel. Il faisait donc figure de protecteur du royaume de France, ce chevalier ailé, vêtu d’une armure et d’un large manteau, tel qu’on le voit à Bubertré, avec son bouclier, les cheveux au vent, brandissant l’épée au-dessus du dragon, qui se tord à ses pieds.
Cette image pittoresque nous rappelle le sens toujours actuel de la vision de l’Apocalypse. Saint Michel n’est-il pas le symbole de l’espérance en Dieu qui donne aux hommes le courage de lutter pour que le Bien l’emporte sur les forces du Mal, toujours prêt à renaître sous de nouveaux visages: guerres, misères, haines, oppressions…
Tel est aussi le message silencieux de Marie tenant l’enfant Jésus. A gauche du retable, cette jolie statue de pierre, au visage serein sous sa couronne dorée, date de l’époque où Louis XIII avait officiellement confié la France à la Sainte Vierge. Voici plusieurs siècles qu’elle veille sur le village et ses habitants.