Eglise de Gournay-le-Guérin

La paroisse dépendait du chateau féodal de Gournay, tenu au XIII siècle par des chevalier du nom de Guérin, et possédé successivement par les famille de Tournebeuf, Trousseauville. Mézières, puis, de 1547 a 1752, par les Montmorency-Laval, doit les armes 1bgureat sur la poutre au-dessus du choeur.
L’église, édifiée au XVI°s., est remarquable pour les dimensions de sa nef, dont la voûte en bois repose sur une belle charpente apparente. Seul le haut clocher, ajouté au XIX°s., en modifie un peu les proportions extérieures.
Du fond du choeur, la belle statue de saint Lambert nous adresse sa bénédiction. Elu en l’an 668 évêque de Maestricht, sa ville natale, il s’attira l’animosité de l’ambitieux maire du palais de Neustrie, Ebroïn, qui le fit déposer. Lambert se retira au monastère de Stavelot, puis alla prêcher l’Evangile en Zélande. Rétabli dans son évêché après la mort d’Ebroïn, il y poursuivit son apostolat, aimé et vénéré de tous pour son dévouement et sa charité. Mais l’histoire des royaumes mérovingiens est perpétuellement troublée de guerres et de meurtres. Lambert périt assassiné à Liège, vers 708, par un officier de Pépin duc d’Austrasie. Dans cette ville, érigée ensuite en évêché, ses reliques furent conservées comme celles d’un martyr.
La verrière centrale, aux vives couleurs, représente saint Lambert et saint Gilles entourant l’image du Christ ressuscité. De chaque côté sont inscrits les noms des douze apôtres.
Très bien restaurée en 1992 avec le concours des Monuments Historiques, l’église a retrouvé le ton chaud de sa maçonnerie à l’extérieur. La réfection des fenêtres et vitraux lui apporte plus de lumière. Surtout, la suppression de la sacristie a restitué l’ancienne chapelle seigneuriale ouvrant par une large arcade de pierres. Ces travaux importants ont permis de dégager, à l’angle de la nef et du choeur, en retrait, le pendentif en encorbellement qui supporte le poids de la charpente. On peut admirer l’art du tailleur de pierres qui l’a réalisé et décoré d’une petite tête, son autoportrait sans doute.
En plus de sa curieuse cuve baptismale de style Renaissance, ornée de têtes de lions et d’angelots, datant de 1553, l’église présente un bel ensemble de statues anciennes polychromes : le grand Christ en croix fixé sur la « poutre de gloire » ; dans le choeur, sainte Suzanne, sainte Barbe, saint Aternus (?) ; sur le retable du XVII°s. dans la chapelle éclairée par une fenêtre en forme de fleur de lys, une charmante Vierge à l’Enfant. De la même époque sont les panneaux de bois assemblés, finement peints de rinceaux et de petits médaillons : le Christ entouré des quatre évangélistes ; d’autre part, une autre image du Christ accompagné de la Visitation, sainte Barbe, saint Christophe, etc. Une inscription au mur de la nef rappelle la mémoire de Denis Léon Collas de Gournay, mort en 1893, bienfaiteur de l’église et de la commune. C’est lui qui acheva la reconstruction du château appartenant toujours à ses descendants. De l’ancienne forteresse défendant la frontière entre le Perche et la Normandie restent les deux grosses tours flanquant la façade du XVIII°s. Rappelons que la chapelle du château tout proche de Petiteville était jadis l’église de cette ancienne paroisse réunie à Gournay en 1809.