Eglise de Normandel

C’est vers la fin du XV°siècle que fut édifiée cette construction, sur l’ancien fief médiéval connu depuis 1260 sous le nom de « Ferme de Normandel » et possédé longtemps par la famille Viron.
Dans la chapelle qui lui est consacrée, une belle statue du XVI°siècle représentant saint Firmin en évêque et le magnifique retable de pierre blanche, sculpté et ornementé dans le plus pur style de la Renaissance, permettent d’évoquer la foi ardente de cet évangélisateur de la Gaule Romaine du III°siècle.
Né à Pampelune, de l’autre côté des Pyrénées, dans une famille convertie au christianisme, et ayant reçu une instruction très étendue des Ecritures Saintes, il vint rejoindre à Toulouse saint Saturnin. Celui-ci le sacra évêque, avec pour mission d’aller prêcher parmi les populations encore soumises au culte des idoles. C’est ainsi qu’on le vit à Agen, en Auvergne, à Angers, puis à Beauvais, où le gouverneur, qui persécutait les chrétiens, le fit mettre en prison. Libéré par le peuple, il va poursuivre son oeuvre missionnaire à Amiens, où existait une petite communauté chrétienne dont il devint le premier évêque.
Enfin, le vitrail de Clovis Loncle, de Tourouvre, mis en place en 1902 dans cette même chapelle, représente le martyre de saint Firmin, décapité par les soldats romains.
L’église actuelle, restaurée à la fin du XIX°siècle dans le goût de l’époque, après une longue période d’abandon, conserve quelques traces de la construction ancienne : la maçonnerie du mur arrière donnant sur le cimetière, avec les vestiges d’une petite porte close et de deux contreforts en gros moellons, et sur le pignon du transept donnant sur la route une grande fenêtre de style gothique flamboyant.
L’église de Normandel conserve d’autres éléments d’un grand intérêt. Dans la chapelle, du côté droit, une très belle Vierge à l’Enfant de pierre polychromée, du XVI°siècle. Au-dessous de la statue, un second retable de pierre, finement sculpté et ornementé de style Renaissance, montre, d’un côté, Marie assise près de Jésus portant un calice, et Joseph appuyé sur sa canne auquel le jeune Jean Baptiste paraît dire adieu avant de partir pour le désert.
Dans la nef, le grand Christ en croix entouré de Marie et de saint Jean est émouvant dans sa sobriété : les bras étendus du crucifié portent tout le poids de notre humanité pour l’élever vers Dieu. Dans la sacristie, un vieux fragment de bannière brodée porte l’image de saint Firmin et l’inscription « Charité de Normandel – 1513 ».