Eglise du Mage

En contrebas de l’église, admirons le vieux porche roman à voussures, reposant sur des colonnes engagées, dont les chapiteaux, usés par le temps, conservent par endroits leur décor d’entrelacs. C’est le vestige d’une première église du XII°s. Sur les fondations a été rebâti, sans doute au XV°s., l’édifice actuel de plan rectangulaire, surmonté d’un clocher octogonal couvert d’ardoises et prolongé par le choeur en retrait. Dès qu’on franchit le seuil, le regard est attiré par le retable d’un beau style classique, rehaussé de couleurs et dorures, qui surmonte l’autel. Du côté droit, faisant pendant à saint Jacques, la statue d’un évêque portant la crosse et la mitre nous rappelle que Le Mage s’honore d’avoir pour patron saint Germain de Paris.

Saint Germain est né à Autun en 496, l’année du baptême de Clovis à Reims, qui marque la fondation du royaume chrétien des Francs. Il fut élu en 554 évêque de Paris, où le roi Childebert I avait établi sa capitale. Mais les fils et petits-fils de Clovis ne cessaient de lutter entre eux pour défendre les possessions que chacun avait reçues en partage. Saint Germain dut plusieurs fois user de son autorité spirituelle pour tenter de les réconcilier et les exhorter à réformer leurs moeurs cruelles et déréglées.

En 1646, la veuve de René Gruel, comte de Lonzac, marquis de la Frette et seigneur de Feillet, Antoinette d’Albret, fit édifier la chapelle à gauche du choeur, au-dessus d’un large caveau où fut déposé le corps de son mari. Cette chapelle, placée sous le patronage de saint Thomas, conserve une peinture intéressante du XVII°s. représentant l’apôtre tenant une pointe de lance, en souvenir de ses paroles après la résurrection de Jésus : « Je ne croirai que si je vois la marque des clous, si je mets la main dans la plaie de son côté. » Sur le devant de l’autel principal en marbre, une tapisserie du XVII°s. : l’Agneau rédempteur portant sa croix, reposant sur le Livre aux sept sceaux, dont parle l’Apocalypse. La porte en bronze doré du tabernacle figure Jésus en prière au Jardin des Oliviers et l’ange qui lui présente le calice. Au dessus, le magnifique retable à quatre colonnes, portant à son fronton le Saint-Esprit rayonnant au centre d’une guirlande avec quatre têtes d’angelots, paraît dater du XVII°s. Mais les deux statues de saints sont plutôt dans le style du XVIII°s., ainsi que la peinture centrale de l’adoration des Mages. Les deux autels latéraux ont été exécutés par le sculpteur Julien Hervieu, à l’époque d’Helvétius. On ne peut visiter cette église, soigneusement entretenue, sans admirer aussi, des deux côtés de la nef, la jolie Vierge dorée présentant un coeur et l’expression d’un grand Christ en croix encadré de Marie et de saint Jean.