Eglise de Randonnai

La statue de l’évêque, au-dessus de l’autel, donne une image bien éloignée de la forte personnalité du patron de l’église.
Du moins elle invite à un retour de quatorze siècles dans le passé.

Né au Pays de Galles, disciple de saint Brendan en Irlande, puis moine à Winchester, Malo – ou Maclou – fut l’un des premiers à faire pénétrer l’Evangile dans nos provinces de l’Ouest à l’époque des royaumes francs.
Vers 530, il s’embarque avec quelques compagnons pour rejoindre l’ermite Aaron dans sa retraite sur un îlot de la côte d’Armorique, près de la cité d’Aleth, à l’estuaire de la Rance.

Dans ce port ouvert au commerce maritime vers l’Orient, il fonde une première communauté chrétienne, qui le choisit pour son évêque.
Puis son apostolat le conduit en Saintonge.
C’est là qu’il finit ses jours, retiré dans un ermitage vers 565.
Après la destruction d’Aleth par les pirates scandinaves au XI°siècle, le nouveau port, établi à proximité, a conservé fièrement le nom de saint Malo.

Dès le XII°siècle, la paroisse de Randonnai (Randoncium) est mentionnée dans une charte de l’abbaye de La Trappe.
Elle s’était constituée autour d’un poste de défense fortifié, sur la rive droite de l’Avre marquant la frontière entre le Perche et la Normandie.
Le développement de Randonnai, du XV° au XVI°siècle, est lié à son activité industrielle, grâce au minerai de fer extrait du sous-sol argileux, aux ressources en charbon de bois tirées des forêts, à l’énergie fournie par les moulins des étangs aménagés sur le cours de l’Avre, comme à l’esprit entreprenant de quelques familles de « ferronds », alliées entre elles et peu à peu intégrées à la noblesse locale.

C’est tout un complexe métallurgique qui avait prospéré de Conturbie aux Gaillons et à l’étang du bourg : fourneaux, fonderies, affineries, forges, tréfileries, ferronneries, employant une main d’oeuvre de plusieurs milliers d’ouvriers.
Randonnai a subi les effets de la récession économique depuis la fermeture des dernières fonderies.

Témoin de cette histoire faite du labeur des habitants, l’église au coeur du bourg est là pour accueillir les joies et les peines.
Sur sa façade la belle statue de pierre du XVI°siècle, récemment remise en état, de la Vierge Marie, portant l’Enfant qui présente une colombe aux ailes éployées, est un message de paix et d’espoir.

De sa construction, fin XV°début XVI°siècle, l’édifice a conservé sa nef principale, le grand arc de pierre du choeur reposant sur deux bandeaux sculptés d’entrelacs et surmontés d’un beau Christ en croix.
La charpente ancienne mériterait d’être décapée pour mettre en valeur son curieux décor de têtes de dragons au raccord des poutres, accompagnées de têtes de loups très expressives sur les sablières nervurées.

Restaurée et remaniée au XIX° siècle, elle s’est enrichie de trois retables de bois provenant de l’ancienne église désaffectée du Buat.
Au sommet de l’autel central, Dieu créateur entouré de têtes d’anges ailées.
Sur les côtés, deux peintures figurant saint André et saint Sébastien (signées « Edeline fecit 1761 »).
L’autel latéral sur la gauche conserve une toile ancienne d’après le peintre Murillo : la Vierge du rosaire que prient saint Dominique et sainte Catherine de Sienne (1347-1380) .
Cette vieille toile est témoin d’une tradition de prière qui durant des siècles a relié les fidèles à la prière de l’Eglisc à travers les mystères joyeux, douloureux et glorieux.


Pour visiter l’église s’adresser à Mme BELHOCINE ou à M. et Mme DELPLANQUE rue du centre.