Eglise de Neuilly-sur-Eure

L’aspect extérieur de l’église conserve la marque de sa fondation, qui paraît être du X11°s. : l’abside arrondie armée de contreforts plats, les grosses pierres de silex et grison aux murs de la nef et des deux chapelles, dont les fenêtres ont été sans doute agrandies. La haute tour du clocher accolé à gauche, d’allure seigneuriale, serait plutôt du XVII°s., et a été ajouté au XIX°s. le porche d’entrée en briques, dont le fronton abrite une petite statue de saint Germain. L’intérieur contraste par la clarté des murs et de la voûte, qui fait ressortir le bois de la tribune, de la chaire et des bancs, et surtout le bois du beau Christ en croix érigé à gauche de l’autel : sculpté dans la masse et usé par le temps, car il provient d’un calvaire, son expression émouvante est un appel à la prière.
Entre saint Roch et saint Gilles, la statue de saint Germain, patron de cette église, rappelle l’autorité spirituelle exercée par l’évêque d’Auxerre au V°s. A l’époque, beaucoup de chrétiens se laissaient gagner par l’enseignement du moine Pélage, qui, niant les effets du péché originel, prétendait que chaque homme était capable par lui-même de se sauver. La doctrine de l’Eglise, défendue par saint Augustin, insistait au contraire sur la grâce de Dieu qui, par la révélation du message évangélique et par les sacrements, apporte aux hommes la lumière et la force nécessaires pour suivre les préceptes de JésusChrist et avoir part à la Rédemption.
Les thèses du « pélagianisme » ayant été condamnées successivement par plusieurs conciles, saint Germain alla en mission à deux reprises en GrandeBretagne pour convaincre les populations de se détourner de cette hérésie. Lors de son premier voyage en 429, passant par la région de Paris, il rencontra au village de Nanterre une jeune bergère, la bénit et l’encouragea à se consacrer à Dieu. Cette rencontre fut décisive pour la vocation de sainte Geneviève, qui devint la protectrice et patronne de Paris.
Le gouverneur romain avait fait appel au chef païen de la tribu germanique des Alamans pour réprimer les révoltes des Gaulois et des Francs. Saint Germain eut le courage d’aller seul à la rencontre d’Eocaric pour le persuader d’arrêter ses troupes qui s’apprêtaient à tout ravager. Puis il se rendit en Italie jusqu’à Ravenne, où se trouvait la cour impériale, pour intercéder en faveur des populations de notre pays soumises au pouvoir arbitraire et aux exactions de l’administration impériale. C’est là qu’il mourut en 448 au terme de ses efforts d’artisan de paix.
Ne quittons pas l’église accueillante de Neuilly sans regarder, dans les deux chapelles du transept, les scènes sculptées avec finesse sur les retables dédiés à la Sainte Vierge et à saint Joseph : l’éducation de Marie par Anne, les fiançailles de Marie et Joseph, la mort de Joseph … Ces images réveillent les souvenirs de notre instruction religieuse trop souvent oubliée.
L’été l’église est ouverte de 9 h à 19 h. En dehors de ces heures on peut demander la clef au presbytère.